Notre région possède la plus grande flottille qui pêche plus de la moitié des quotas en Méditerranée française en thon rouge, dont les stocks se sont bien reconstitués. Aujourd’hui les chiffres en témoignent, sur les 17 thoniers senneurs qui pêchent le thon rouge en Méditerranée française, 11 sont basés à Sète, 2 à Agde, 2 à Port Vendres et seulement 2 pour Marseille.
Les quotas et les contrôles draconiens ont mis les clignotants au vert du côté des stocks. Sur les thoniers senneurs qui ont quitté Sète cette saison, des observateurs-contrôleurs de l’ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique), organisme international de gestion des thonidés. Des plongeurs sous l’eau les assistent et des caméras filment toute l’opération de pêche.
Depuis 2010, les thoniers senneurs ne sont autorisés qu’à pêcher qu’un mois. « Aujourd’hui, les résultats de ces efforts sont concluants : le stock de thon rouge est estimé à environ 600 000 tonnes, soit quatre fois plus que dans les années 2000 » explique Bertrand Wendling, directeur de la SATHOAN . « Alors que l’objectif de rétablissement du stock était fixé à 2022, les analyses scientifiques montrent qu’on l’aura atteint dès 2018 ».
Le thon rouge se pêche vers Malte et Ibiza
L’objectif de la coopérative sétoise est d’abord de communiquer sur les efforts accomplis, pour effacer l’image des années où la surpêche avait failli rayer le thon rouge de la carte des mers. Et de demander, au vu des chiffres encourageants, d’obtenir 5 thoniers senneurs de plus. « Nous pêchons au large de l’île de Malte, et vers les Baléares, au large d’Ibiza » explique Raphaël Scannapieco, responsable de la Prud’homie de Sète et patron de plusieurs bateaux. « Un quota de 99 tonnes est autorisé par bateau, nous n’avons qu’un mois pour le réaliser, c’est le stress d’avoir de mauvaises conditions météorologiques ». Les bateaux français ont vu leurs quotas remonter de 20% pour 2017, soit 4187 tonnes qui vont se répartir à 89% pour les navires de pêche professionnelle immatriculés en Méditerranée, 10% pour les professionnels de l’Atlantique et 1% pour la pêche de loisir. Le thon rouge pêché par les thoniers senneurs ne s’écoule pas sur le marché français. Le thon que les consommateurs français trouvent dans leurs assiettes est presque toujours du thon albacore. Le thon rouge qui peut faire jusqu’à 600 tonnes et 3 mètre de long est trop imposant pour être manipulé sur les marchés de détail. 80% des prises faites par les thoniers senneurs sont envoyées pour engraissement dans des fermes aquacoles en Espagne. Et les espagnols revendent ensuite le poisson au Japon pour le marché très prisé du sashimi.
Le thon rouge à la palangre
L’autre pêche au thon rouge concerne des spécimens plus petits et elle alimente les marchés locaux. Elle est aussi concernée par les quotas. Le long de la Méditerranée, 87 bateaux se partagent les 230 tonnes de quotas. Renaud Frejafond s’est mis à la palangre il y a 4 ans. Il a droit à 15 tonnes par an de thon rouge. Il faut être patient et avoir un peu de chance pour qu’un spécimen vienne mordre à l’un des 600 hameçons qu’il faut garnir de sardines. « Si je fais mon quota, je peux vivre correctement de la pêche à la palangre quand le poisson part entre 8 et 10 euros le kilos ». Depuis l’instauration des quotas, les thons rouges sont plus abondants, Renaud en trouve parfois à une dizaine de kilomètres des côtes sétoises. Cette pêche à la palangre, que cherche à promouvoir l’association France Filière Pêche, financée par la grande distribution, est désormais la seule pourvoyeuse de thon rouge pour le marché français. Malgré la réduction des quotas de pêche depuis les années 90, la filière française de pêche du thon rouge enregistrait un chiffre d’affaire de 40 milliard d’euros en 2016.