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jeudi 21 novembre 2024

Agde la sulfureuse

Un évêque trouvait que la ville sentait le soufre, il ne se doutait alors pas que le Cap d’Agde allait avoir cette réputation de coin naturiste et libertin. Agde est née d’une nuit chaude dans le souffle et le soufre de volcans . Au large, l’un  de ses cônes abritant la seule île de la région Occitanie:  le Brescou où l’on enfermait autrefois des libertins.

Agde est au bout de la chaîne volcanique qui débute en Auvergne, passe vers le Caylar, Clermont l’Hérault, Saint Thibéry. Volcan de type strombolien, on retrouve des restes de volcanisme un peu partout dans l’Hérault y compris vers Grabels au nord de Montpellier.
Agde est unique par ses volcans sous marins et ses coulées de lave qui s’étendraient à près de 40 km sous la mer. Au large, l’île du Brescou, seule île de la côte languedocienne, c’est un fort bâti sur le socle basaltique d’un petit volcan sous marin.

Parmi les Anciens qui ont parlé d’Agde, Ptolémée, il aurait vu deux îles , le volcan du Mont Loup ensuite rattaché au continent par comblement avec les alluvions de l’Hérault, et l’île du Brescou.

Au 19ème siècle, d’éminents scientifiques ont discuté de cette thèse, analysant jusqu’au  nom , peut être d’origine phénicienne du Brescou: Blascon, Bresou, Balangon, Belangon qui pourrait vouloir dire « engloutir par le feu ».
Toutefois , le nom d’Agde viendrait, lui, des phocéens qui croisaient au large des falaises bordées de sable noir, ils semblaient trouver le rivage hospitalier puisque ils auraient baptisé le lieu  du nom d’agathé tyché, de tyché la bonne fortune.

Marco Polo et la ville noire

Marco Polo , lui, ne retiens que le côté sombre d’Agde bâtie en pierres basaltiques, il la nomme « urbs nigra », ville noire. Noire est également la cathédrale  forteresse , du 11éme et 12ème siècle, elle témoigne du besoin de sécurité des habitants des côtes pillées et dévastées par les normands, les pirates et les sarrasins.
On retrouve ce même genre d’église défensive à Mireval, Maguelone ou Frontignan.

Charles Lentheric, dans son ouvrage « Les villes mortes du Golfe de Lyon » édité à la fin du 19ème siècle, affirme que la base de la cathédrale est carolingienne et bâtie sur un ancien temple dédié à Diane, des temps où Agde était grecque. Lentheric va plus loin, certains matériaux proviendraient de la région d’Ephèse et des symboles dans les voûtes, piliers et chapiteau feraient référence à Diane.

Le Brescou, où l’on enfermait les libertins

L’évêque sent le soufre

Côté écrits sur le volcanisme vers 1760, l’évêque du lieu,Monseigneur Rouvroy de St Simon s’est passionné pendant 30 ans sur les scories, basaltes et pierres ponces.
Il affirmait que lorsqu’il pleuvait une abominable odeur de soufre enveloppait Agde. C’est lui qui au final devait sentir le soufre puisqu’il fut arrêté et promptement guillotiné par les révolutionnaires en 1794.
Mais un peu avant se produirent des évènements qui expliquent pourquoi à Agde le nom Richelieu est partout. En 1632, le roi Louis XIII écrit une belle lettre, un édit demandant à ce qu’on rase le fort de Brescou et aux frais des Agathois.
Le monarque estime qu’il s’agit là d’un nid à  rebelles, en référence aux seigneurs languedociens révoltés qui s’étaient barricadés là. Et voilà que déboule son ministre, le célèbre cardinal de Richelieu.

Le dernier rêve de Richelieu

Lequel trouve les lieux à son goût,  l’âge et  sans doute le gâtisme aidant, il projette de réunir le fort de Brescou à la côte par une digue de 2000 mètres. Le Brescou est sauvé, les travaux gigantesques démarrent.

Agde doit devenir un important port militaire. Le cardinal enfourne 500 000 livres dans le chantier, les berges grouillent d’ouvriers. Quant patratras Richelieu trépasse. La digue s’arrête, elle restera une jetée abandonnée de 700 mètres.
La grande rade militaire ne verra pas le jour, le Brescou deviens un fort où les familles aisées envoyaient leurs mauvais sujets: libertins, alcooliques, joueurs de cartes.
Il parait qu’ils étaient contents de leurs séjours continuant à mener bombance en regardant passer tartanes et bricks sur le port gagné par l’ensablement.Ainsi naquit peut être la première légende des nuits chaudes d’Agde.

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