L’incident du super container qui a bloqué le trafic du canal de Suez démontre le gigantisme et le besoin d’espace des mammouths du transport maritime. Aujourd’hui un port de commerce doit avoir ses eaux profondes et de la place, ou se réinventer ou disparaitre. Plus grand port de la région Occitanie, Sète a investi il y a 5 ans pour accueillir des bateaux à fort tirant d’eau.
Sur le port de Sète, le bassin sur la darse 2 du quai H, affiche jusqu’à trente mètres de profondeur, il peut accueillir des « mammouths » de 470 mètres de long. Des portes containers mais aussi des bateaux de croisière à fort tirant d’eau.
Indispensable avec l’explosion de la conteneurisation, le port a 4 hectares en eau profondes. Bien que modeste comparé aux hubs géants, cet aménagement lui permet de rester dans la course et de s’adapter au transport maritime en Méditerranée qui représente 35% des flux au plan mondial. L’investissement a coûté 44 millions d’euros, financés a 85% par la Région, Port Sud a la chance d’être soutenu par une collectivité locale ce qui est loin d’être négligeable en terme de stabilité et de financement.
C’est quoi un hub?
Un hub, c’est un port à position stratégique où arrivent les « mammouths » des mers qui sont délestés de leur chargement par des bateaux plus petits qui emmènent les marchandises dans d’autres ports plus modestes mais desservant des zones stratégiques. Mais pas que, les mammouths entre eux peuvent aussi s’échanger des marchandises. Le « port en eau profonde » a souvent été creusé artificiellement pour faire face au tirant d’eau de certains gros bateaux. Le tirant d’eau est la hauteur de la partie immergée du bateau qui varie en fonction de la charge transportée. Il correspond à la distance verticale entre la flottaison et le point le plus bas de la coque, généralement la quille, il se compte en pieds.Les plus gros portes containers peuvent faire jusqu’à 470 mètres de long, 78 mètres de haut (l’équivalent d’un immeuble de 15 étages) et 61 mètres de large avec un moteur de 85 000 chevaux et une capacité de 23 000 conteneurs.
25% du trafic pétrolier en Méditerranée
Le trafic en méditerranée représente 30% du commerce maritime mondial, d’énormes investissements sont opérés sur les ports pour capter le meilleur bout du gâteau. La conteneurisation est en hausse constante. Les pays qui s’en sortent le mieux ont pris le virage des hubs.
Depuis l’Antiquité le trafic maritime de la Méditerranée a toujours été intense: les épices et soieries ont été remplacées par le pétrole et les jeans fabriqués par des petites mains dans les usines du Maroc.
Le détroit de Gibraltar et le canal de Suez , agrandi en 2015, offrent des portes d’entrées pour en faire une gigantesque plate forme d’échange. Force est de constater que si Mare Nostrum engrange 25 % du trafic pétrolier, il s’agit souvent de transits vers le nord. Et pas vraiment bon signe de dynamisme, les échanges de marchandises entre pays européens et ceux de la méditerranée du sud (Maghreb et Proche Orient) plafonnent à 7% (Algérie Lybie Syrie Egypte pour les hydrocarbures et minerais/ textiles, cuir, fruits et légumes pour le Maroc et la Tunisie).
Conteneurisation: des chiffres continuellement en hausse
De plus, la captation des parts de marché du transport maritime semble être happée côté européen par les espagnols qui ont investi sur des ports à eaux profondes (Algésiras, Valence, Tarragone et Barcelone) et l’italien Gioia Tauro. Pays qui enregistrent les plus fortes progression de ces dernières années . Le constat se retrouve un peu partout, le port du Pirée en Grèce, eaux profondes, s’en sort bien, ou celui de Malte, tout comme le Tanger Med au Maroc.
Avec la conteneurisation galopante du transport, le marché global conteneurisé intra-méditerranéen a atteint les 17 millions d’EVP* en 2017, il était aux environs de 15 millions en 2015. Et avec des bateaux de près de 400 mètres de long que seuls les ports cités plus haut peuvent accueillir grâce à leurs hubs soigneusement organisés.
*terme désignant l’équivalent de vingt pieds, unité approximative de mesure d’un container, (qui mesure 2,591 m (8,5 pieds) de haut sur 2,438 m de large (8 pieds) et 6,096 m (20 pieds) de long.