Au nord de l’étang du Ponant, une mince bande de terre isolée appelée « camp des croisés » « Port Louis » ou « Les Tombes » sur les anciennes cartes. Au 19ème siècle, des auteurs font état de tombes et de nombreuses ruines sur les lieux. Sur le site de l’Étang du Ponant, depuis près de deux siècles les thèses et théories se sont empilées et parfois contredites autour du trajet de la flotte de Saint Louis. Le lieu aurait également servi de campement au célèbre pirate Barberousse. Le souffle de l’Histoire est passé ici sans que rien ne le rappelle.
Des centaines d’automobilistes, locaux ou vacanciers, empruntent chaque jour la D62, une voie express surnommée route des plages car elle relie le Grau du Roi à la Grande Motte. Entre le parking du Vidourle et celui du Ponant, mis à part les véliplanchistes et quelques pêcheurs, il ne viendrait jamais à l’idée de s’arrêter pour visiter les lieux qui font pourtant partie de la promenade prisée autour du lac du Ponant, avec le somptueux bois du Boucanet, sur la rive sud, ses petits étangs et ses bosquets de pins parasols où s’abritent des chevaux camarguais.
La rive nord est bien différente, les dernières hypothèses aujourd’hui, avancent qu’à l’époque de Saint Louis, la mer arrivait jusqu’à ce mince rivage. Ici, les bosquets de pins sont plus rares mais le paysage désertique est d’une beauté étrange. Mélange de Camargue, de steppe mongole et de désert du Sahara. Avec des sentiers creux et crèmes gorgés de sel qui serpentent au milieu d’ilots de pins ou de toundra de toutes les plantes qui ont pu survivre entre salicornes et saladelles. L’hiver par contre, avec les brumes du Ponant, le vent glacé et les arbres qui semblent recroquevillés, c’est ambiance Hauts de Hurlevent.
Le passant qui oserait s’aventurer ne saurait pas que ces lieux sont chargés d’histoire, même les locaux. La tradition orale s’est éteinte avec les veillées, c’est elle pourtant, pendant près de 5 siècles, qui a fait survivre les noms de « camp de croisés », « Port Louis » et des « Tombes ». Lieux dits aujourd’hui disparus et que l’on retrouve sur des cartes anciennes ou actes notariés car ils étaient au cadastre d’Aigues-Mortes.
Il existe depuis 1830, une abondante littérature sur ces lieux, une vingtaine d’ouvrages, de notices, de compte-rendus de géologues, simples auteurs, historiens du coin, curés , conservateurs de musée ou du patrimoine…
Beaucoup rongés par la fièvre d’être celui qui allait résoudre la fameuse énigme: mais bon dieu, par où est passé Saint-Louis?
Aussi, les Tombes, le camp de croisés, Port Louis sont devenus presque anecdotiques, des petits pions négligeables sur le vaste échiquier où trône le roi Saint-Louis du haut des remparts d’Aigues-Mortes.
Le sol sonne creux, des trous étranges
Le premier témoin visuel des tombes, en 1835, est Di Pietro auteur d’ouvrages sur Aigues Mortes, dont la théorie sur le trajet de Saint Louis a été reprise par d’autres voire plagiée. Il trouve les lieux « tristes et mornes » et relève que le sol sonne creux en plusieurs endroits, ce qui pourrait indiquer l’emplacement de sépultures.
Il indique que des fouilles ont permis de dégager un tombeau, plutôt un couvercle, avec deux blasons gravés de truies, il relie l’emblème aux Porcelets, puissante famille d’Arles et de Beaucaire « ayant participé aux Croisades« .
En 1868, Charles Lentheric, l’architecte du phare de l’Espiguette du Grau du Roi et qui écrit dans plusieurs revues de sociétés savantes, plagie quelque peu les travaux et théories de Di Pietro mais livre ce qu’il constate sur les lieux : le sol résonne à différents endroits, il relève aussi d’étranges trous et excavations. Il décrit aussi la sépulture et dessine les deux blasons.
Les Salins du Midi récupèrent le tombeau
Anecdote amusante, qui a peut-être inspiré l’architecte de la Grande Motte, Charles Lentheric écrit au ministère de l’éducation Nationale pour le sauvetage de la tombe qui s’enfonce dans les boues du Vidourle et il propose de faire un chemin de mémoire sur le site de l’Etang avec des petites pyramides. En 1908, l’Abbé Aigon, publie sur Aigues Mortes et alerte qu’il faut sauver les tombes, pour lui la tradition décrit ce lieu comme le camp des Croisés, où il y aurait eu un hôpital bâti par Saint-Louis et il demande à ce que l’on se préoccupe de la fameuse tombe dite des Porcelet qui s’envase.
La sépulture est finalement enlevée par les Salins du Midi, sans doute les seuls du coin à pouvoir procéder au levage de la pierre tombale, en molasse coquillière de Beaucaire ou d’Arles, qui pèse plus d’une tonne. Vers 1908, elle est remise au musée archéologique de Nîmes. Félix Mazauric, son directeur l’examine de près car tout le département bruisse à propos de cette fameuse pierre baptisée « Tombeau du croisé ». Ressurgissent des légendes, Saint-Louis aurait été frappé d’une malédiction, sa première croisade a échoué et la mort l’attendait sur la deuxième, car pour construire Aigues-Mortes il aurait volé les pierres des tombeaux des moines de la cathédrale de Maguelone.
Pour Mazauric , du temps de Saint-Louis, il existait un cimetière, situé près du lieu-dit Port Louis (D62, une vingtaine de mètres à droite après le parking du Vidourle) , nom cadastré, où l’on a trouvé les restes d’une ancienne digue sur pilotis.
Le conservateur du Musée archéologique de Nîmes avance l’hypothèse que les tombes sont, peut-être, celles de croisés qui se seraient entretués là. La croisade dite des Albigeois s’est éteinte depuis peu, peut-être forcés à s’embarquer sur la croisade de Saint-Louis, les Provençaux proches des cathares et les Français ont semble t’-il eu du mal à cohabiter dans le camp.
Des croisés se seraient entretués
« Il convient de signaler un fait curieux rapporté par le chroniqueur Guillaume de Nangis et qui pourrait nous expliquer la présence d’un certain nombre de tombes dans l’ancien port du roi Louis » explique Félix Mazauric « A la suite de discussions violentes survenues entre Provençaux et Français, une grande tuerie eut lieu sur le bord de la mer, en attendant le départ de la croisade. Plus de cent hommes restèrent sur le carreau « .
Reste que le conservateur émet des doutes sur le tombeau des Porcelets, pas sur le blason mais en raison de deux sculptures en forme de lames, pour lui ce sont des tranchoirs, donc peut-être la tombe d’un moine Porcelet…un boucher? Surtout que musée possédait aussi à l’époque, venus des mêmes lieux, la tombe d’un moine convers de l’abbaye bénédictine de Psalmodi et une tablette funéraire datant bien avant la période de Saint Louis. Ainsi qu’une autre tombe, un certain Arma, décédé en 1272, soit deux ans après la deuxième et dernière croisade de Saint-Louis en 1270.
Le tombeau du Croisé demeure une énigme. Selon la salle des Croisades du château de Versailles, un seul Porcelet, Bertrand, est répertorié pour avoir fait une croisade, la première, en 1095, avec le Comte de Toulouse, et ils sont partis à pied.
Par la suite, les Porcelets ont été fidèles aux Comtes de Toulouse et à la dynastie arago-barcelonaise dans leur combat sans merci contre l’Église catholique et les rois de France. Jusqu’à être soupçonnés, comme tout l’entourage de Raymond VI de Toulouse, d’être les auteurs en 1208, à Saint-Gilles du Gard, de l’assassinat de Pierre de Castelnau, le légat du pape, ce qui a déclenché la croisade dite des Albigeois contre les cathares.
Les Porcelet, famille puissante proche des cathares
Les Porcelet se sont battus dès premières heures de la croisade contre les cathares (en 1209, leur fief sur l’île de la Cappe est démantelé pour hérésie), en passant par le siège de Beaucaire et la reconquête de Toulouse par Raymond VII et jusqu’aux dernières heures. Excommuniés, biens confisqués, ils ont finalement plié le genou en 1239. Un des Porcelets a-t’-il été embarqué bon gré mal gré en 1248 sur la première croisade de Saint Louis, puis impliqué et tué dans la fameuse rixe entre Provençaux et Français?
Hachoir de boucher ou arme de croisé?
Reste aussi l’énigme des » hachoirs », gravés des deux côtés du tombeau. Toutefois, les représentations des armes de l’époque de Saint-Louis laissent voir une arme, appelée fauchon, qui ressemble à un hachoir. Effectivement, on pouvait graver les armes d’un chevalier surtout chez les Templiers sur sa tombe. Mais il était aussi coutume chez les moines Hospitaliers de l’Ordre Saint Jean de Jérusalem et chez les Bénédictins de graver un symbole de la profession que le défunt exerçait dans l’ordre ou ce qu’il aimait dans sa vie : une équerre pour un architecte, une ancre marine etc… Mais rien dans les archives des Porcelets, abondamment dépouillées, ne permet de relier un moine de cette famille à l’abbaye bénédictine de Psalmodi. Ils n’ont jamais eu de terres dans le coin mais vers Arles où ils ont été les bienfaiteurs d’autres ordres comme les Cisterciens.
En 2015, le musée archéologique de Nîmes a donné le tombeau du Croisé à la ville d’Aigues-Mortes. Il est exposé à la chapelle des Capucins, seule une datation pourrait en lever le mystère.
Des croisés sont sans doute enterrés sur la rive nord de l’Etang du Ponant, le camp de tentes couvrait une surface considérable qui allait du site de l’actuelle Grande Motte et au- delà de l’actuel Vidourle. Ils ont campé pour les deux croisades en été, on peut imaginer les hordes de moustiques, les problèmes d’eau et les fièvres dont la malaria qui décimait encore les gens du cru en 1900.
Autre point d’interrogation sur les autres tombes retrouvées et citées par Mazauric, pourquoi des moines bénédictins étaient enterrés là alors que l’ordre à Psalmodi ( abbaye bénédictine entre Aigues Mortes et Saint Laurent d’Aigouze) avait quantité de terrains autour pour des inhumations? Pourquoi un Porcelet, moine ou croisé est enterré là, alors que la famille qui a payé pour un tombeau coûteux aurait pu le transférer ailleurs que sur cette berge d’étang? Bien sûr, les seules tombes retrouvées étaient les plus monumentales, vu leur poids la pierre a peut-être du venir par bateau. Combien d’autres plus modestes étaient là? Lenthéric parle de trous étranges et d’excavations. Toutes les hypothèses sont ouvertes sur ce cimetière près de Port-Louis, lié au trafic maritime s’agissait-il de décès par maladie contagieuse avec présence d’un lazaret? de parias? d’excommuniés?
Lors de la construction de la Grande Motte, l’Étang du Ponant a été creusé en 1966 pour que les sables et alluvions servent à conforter le socle de la future station balnéaire. Plusieurs témoignages ont attesté que les tuyaux de la drague qui refoulaient sables et graviers, pouvaient émettre parfois un cliquetis de métal. A tel point que l’archéologue Henri Prades qui fouillait le site antique de Lattes depuis 1964 était venu à plusieurs reprises sur le chantier d’extraction, comme le rappellent ses collaborateurs du Musée de Lattes dont il est le fondateur.
Ces témoignages recoupent celui de Jean-Pierre Dufoix, Architecte en Chef des Monuments Historiques et qui fut chargé de l’aménagement intérieur de la tour de Constance « je tiens l’information des Bâtiments de France de l’époque de la construction de la Grande Motte, à l’est du chantier on a retrouvé une tombe avec à l’intérieur les restes d’un homme qui portait une cotte de mailles » nous a t’-il précisé. Comme tous les chantiers de cette époque, pour ne pas ralentir les travaux ou les immobiliser, les découvertes archéologiques étaient tues et disparaissaient vite… Les enjeux financiers autour de la construction de Grande Motte étaient énormes, puisqu’on avait spécialement fait venir une drague de Hollande pour extraire six millions de mètres cubes de sédiments. On ne saura sans doute jamais ce qui a été vraiment découvert en creusant l’étang du Ponant.
Port Louis
Il reste encore des traces de Port Louis aujourd’hui considéré comme l’avant port d’Aigues-Mortes, il était le débouché du Canal Viel dans l’étang du Repausset ou Repos, alors largement ouvert sur la mer. Côté rive nord, on voit encore la trace du petit bras qui débouchait là, et de l’autre côté de la D62 il y a des tronçons boueux.
Selon les constatations des auteurs ayant visité les lieux au début du 19ème siècle, il y avait sur la rive des piquets qui abritaient un ponton en bois. On trouve encore de nos jours des piquets en bois très endommagés fichés dans le limon, mais comme les pêcheurs viennent tendre leurs filets dans le coin depuis des siècles, il serait difficile de les dater. A proximité du Vidourle lors de fouilles en 1835, on a retrouvé une petite nef, mais postérieure à la période Saint-Louis et deux ancres marines antiques. Sur les rives, en marchant du parking du Vidourle jusqu’au parking du Ponant, on peut voir quelques restes de fondations. Là encore, le lieu a été occupé plusieurs fois, notamment au 17ème siècle par une métairie dont un mur, selon Mazauric, abritait un tombeau, peut-être transformé en auge pour les moutons et chèvres.
Barberousse le pirate accoste au camp des croisés
Le souffle de l’Histoire passera une nouvelle fois sur la rive nord du Ponant, en 1543, Aigues-Mortes se claquemure avec deux mois de provisions, le roi de France François 1er a déclaré la guerre à Charles Quint. « Lorsqu’on vit une flotte venir mouiller près de la plage. Le fameux Barberousse commandait lui-même cette force navale » relate l’Abbé Aigon. « Son armée campa près des Tombes »
Le roi de France ayant fait alliance avec les turcs, au grand dam de la Chrétienté, c’est tout naturellement que Barberousse célèbre pirate et commandant de la flotte turque accoste pour offrir ses services. Vent de terreur à Aigues-Mortes « Ces lieux où autrefois flottait l’étendard des Croisés, ces lieux où jadis les Croisés portaient le signe révéré sur leur cotte de maille, ces lieux voient désormais l’étendard du Croissant flotter » écrit Di Pietro dans sa notice sur Aigues-Mortes. Apprenant que François 1er a finalement signé un traité de paix, Barberousse furieux repart non sans avoir mis le feu à un bosquet de pins. Un seul arbre aurait survécu, il existerait encore selon la tradition orale.
L’énigme du trajet de Saint Louis
Au 19ème siècle, dès 1820, Di Pietro émet l’hypothèse que Saint Louis et sa flotte ont quitté le port d’Aigues Mortes et emprunté le canal Viel, qui, selon lui, faisait le tour de l’étang du Ponant actuel, en longeant la Grande Motte pour sortir en pleine mer par l’actuelle passe des Abîmes qui était alors le Grau Louis ou Grau du Boucaneto.
Cette hypothèse a été reprise, pour ne pas dire repompée, en 1868, par Charles Lentheric, l’architecte du phare de l’Espiguette au Grau du Roi, qui avait son rond de serviette chez les sociétés savantes, cette théorie a été largement divulguée dans les revues et acquise pour la vérité, hélas, encore aujourd’hui .
En 1880, Jules Pagezy (ancien maire de Montpellier) démontait cette théorie, pour lui il était impensable que les nefs de Saint Louis, qui pouvaient transporter jusqu’à 1000 hommes et des chevaux ( 120 gros vaisseaux avec 25000 hommes, 8000 chevaux, armes, provisions), aient eu le tirant d’eau et la place nécessaire pour emprunter et sur près de 10 km le canal Viel. Selon Pagezy, Saint-Louis serait arrivé en barque légère par le canal Viel, qui avait non loin d’Aigues-Mortes un débouché à Port Louis, pour rejoindre la flotte qui l’attendait dans l’Etang du Repausset (aujourd’hui étang du Ponant), alors largement ouvert sur la mer. Le nom même du Repausset ou Repos indique que des navires y trouvaient un lieu sûr.
La théorie Pagezy a été ignorée, voire raillée, critique a été faite sur la qualité de la traduction des textes en latin par Pagezy. Terrible pour cet homme qui est mort 3 ans après sa dernière publication. Pourquoi ? Sans doute que les sociétés savantes ont couvert Lentheric et ne voulaient pas passer pour des éditeurs de ce qu’on appellerait aujourd’hui une fake news. La fiabilité de Lentheric a été mise en cause sur d’autres sujets, notamment sur les fouilles du port romain de Narbonne, Henri Rouzeaud (1855/1935), fin archéologue et spécialiste des lieux, a dénoncé sa légèreté. Si Lentheric avait pu interroger des marins ou pêcheurs, ils lui auraient expliqué les problématiques du tirant d’eau. Il ne le pouvait sans doute pas… ayant fait passer les gens de mer du Grau du Roi pour des ivrognes patentés dans ses écrits, sans même nuancer qu’à l’époque les soucis d’eau potable étaient tels, qu’on devait couper les breuvages de café ou d’alcool, tant l’odeur et le goût étaient innommables.
Tous les auteurs et surtout les géologues de notre époque ont validé en grande partie la théorie de Pagezy (Morize 1914, Picard, Denizot et surtout l’ingénieur géologue du BRGM Alain Lhomer 1993).
L’association « Sur les pas de Saint-Louis en baie d’Aigues-Mortes » qui effectue depuis près de dix ans un travail remarquable, précis et étayé avec divers géologues, géographes et médiévistes, a proposé une synthèse des dernières hypothèses retenues ( voir https://saint-louis-a-aigues-mortes.com ). Saint-Louis et son armée sont arrivés par le Rhône jusqu’à la tour Constance. Puis ils ont emprunté le Canal Viel en barque légère, pour rejoindre l’avant-port d’Aigues-Mortes, lequel avait été aménagé au lieu-dit Port-Louis. « La flotte de l’escadre l’attendait dans la Baie du Repausset et en mer pour appareiller», précise Bernard Aubert, membre de l’association. « Si les galères pouvaient entrer dans la Baie, les grandes nefs dont le tirant d’eau était trop important ont stationné au large. Nous sommes allés à Gênes étudier les archives de ces grands navires de croisades, construits à la demande de Louis IX et qui atteignaient des dimensions encore jamais égalées jusque-là ».
Des hypothèses sont validées, d’autres écartées mais des points d’interrogation demeurent encore sur les ports d’Aigues-Mortes. C’est exactement ce qui s’est passé sur la recherche du port et avant-port romain de Narbonne. Le territoire de lagunes est le même, soumis à la violence des tempêtes et des crues, il se métamorphose rapidement au gré des graus, des ilots émergents ou noyés.
Seuls des moyens pluridisciplinaires pourraient permettre de faire émerger la vérité, c’est le cas pour l’avant-port de Narbonne révélé à l’île Saint-Martin par des fouilles archéologiques récentes, après deux siècles de supputations.
Reste que les rives et le site du Ponant regorgent d’Histoire et d’énigmes qui font rêver. C’est un patrimoine local inestimable et qui mériterait à minima quelques panneaux explicatifs, surtout que le tour de l’étang est un circuit prisé tant par les locaux que par les touristes. Des panneaux sur l’énigme du trajet et ses hypothèses pourraient éclairer les promeneurs tant sur le bois du Boucanet sud que sur la rive nord, et puis des panneaux sur les Tombes, Barberousse, Port-Louis…
C’est un crève-cœur pour l’association « Sur les pas de Saint-Louis en baie d’Aigues-Mortes » qui se bat depuis huit ans pour une signalisation autour de l’étang du Ponant. Le fait n’est pas nouveau en 1868, Lenthéric écrivait au ministère de l’Education nationale pour réclamer la même chose.
Aujourd’hui, la situation est compliquée à cause d’un mille-feuille de divers intervenants autour de l’étang: Syndicat de la Camargue Gardoise, Conservatoire du littoral qui a racheté le bois du Boucanet (partie la plus ancienne du Grau du Roi), les maires d’Aigues-Mortes, du Grau du Roi et de la Grande-Motte bien que cette municipalité a fait des efforts avec une borne et un QR code sur les « Conditions de départ des croisades de Louis IX » à proximité de la passe des Abîmes (ancien Grau Louis) https://bit.ly/3dtdkMG .
Mais des panneaux manquent partout, ce n’est pas ruineux, alors serait-ce trop demander que des gens de bonne volonté se parlent et avancent sur le dossier ? Pour les locaux et administrés attachés à leur histoire, pour les touristes qui aiment l’Histoire. Ne pas le faire serait une faute morale.
Anne Tailhardat
Bibliographie
Association « Sur les pas de Saint-Louis en baie d’Aigues-Mortes, https://saint-louis-a-aigues-mortes.com/
PAGÉZY Jules, Mémoires sur le port d’Aiguesmortes, 2 vol., Paris 1886.
FLORENÇON Patrick, Aigues-Mortes et la Méditerranée au Moyen Âge, Recherches sur le port et choix de documents, Mémoire pour la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, MONTPELLIER 1996
Abbé Aigon, Aigues-Mortes, Ville de Saint-Louis 1908
Charles Martins, 1874,UNE VILLE OUBLIÉE: AIGUES-MORTES: SON PASSÉ, SON PRÉSENT, SON AVENIR
Les ports médiévaux d’Aigues-Mortes – Recherches archéologiques (P.C.R. de T.Rey, N.Faucherre, S.Galiano (campagne 2015)
F.Mazauric, Les Musées archéologiques de Nimes. Recherches
et Acquisitions. Année 1910, dans les Mémoires de l’Académie de
Nimes
Morize Jean, Aigues-Mortes au XIIIe siècle, 1914
Lentheric, les villes mortes du Golfe de Lyon 1870
Di Pietro, Notice et Histoire d’Aigues Mortes, 1835/1849
L’HOMER A., 1993 – Notice explicative de la carte géologique du
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L’HOMER A., BAZILE F., THOMMERET J., & THOMMERET
Y., 1981 – Principales étapes de l’édification du delta du Rhône de
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Martin Aurell, les actes de la famille Porcelet d’Arles, 2001
René Bastard de Péré, NAVIRES MÉDITERRANÉENS DU TEMPS DE SAINT LOUIS
Gregory E.M.Lippiatt,1216, le Siège de Beaucaire, Pouvoir, société et culture dans le Midi rhodanien