Tandis que les espagnols pleurent car le corail rouge des îles Medes a été ratiboisé par des indélicats (touristes, braconniers organisés) du côté de la réserve de Cerbère Banyuls, on respire un peu mieux.
En France il y a du corail rouge dans les réserves marines de Cerbère-Banyuls, vers Marseille et Scandola en Corse. D’après Pline l’ancien, naturaliste romain, on cueillait déjà dès l’Antiquité du corail rouge dans le Golfe du Lion , le corail rouge était très prisé sous l’empire romain et en Grèce antique, notamment en joaillerie.Les méthodes de ramassage étaient alors destructrices, avec de vieux filets et des croix en fer trainés par des embarcations ce qui arrachait tout sur le passage . En poussant de 0,5 mm par an, le corail met 20 ans a atteindre une vingtaine de centimètres. Normalement il aime les grottes sombres et les grandes profondeurs jusqu’à 500 mètres. Toutefois la mer agitée du Golfe du Lion, qui entraine une opacité de l’eau, a eu comme conséquence de voir pousser du corail rouge vers 20 mètres de profondeur.
DEUX MILLE EUROS LE KILO
Quant on sait que des branches de 7 mm peuvent se vendre jusqu’à 2000 euros le kilo et 300 euros la branche, on comprends aisément son surnom « d’or rouge » et que cela a attiré certaines convoitises et des ravages. Bien que l’espèce ne soit pas protégée, le Conseil Départemental des Pyrénées Orientales, gestionnaire de la Réserve de Cerbère Banyuls a sifflé en 2012 l’arrêt des descentes en bouteilles et la collecte du corail rouge entre 0 et 50 m de profondeur. Le corail est en bonne voie de repousser, au grand soulagement des clubs de plongée pour qui c’est important car c’est l’un des rares endroits, où l’on en rencontre en France à cette profondeur. « On en voit ça et là, pas beaucoup et pas non plus très développé » explique une plongeuse de Banyuls. A Cerbère la situation s’est nettement améliorée ces dernières années « les endroits qui avaient été raclés par les corailleurs commencent à repousser. Dans la réserve on peut observer des branches de 7 cm. Par contre, point noir, en dehors de la réserve, en bordure, il y a eu par deux fois des pillages cette année, des personnes ont cassé des zones où le corail rouge se portait bien » raconte Gilles Lescure, co-gérant du club de plongée Cap Cerbère.
CORAILLEUR UNE PROFESSION CONTROLEE
Il faudra attendre un peu encore pour voir de belles branches mais le coin semble être sur la bonne voie car dès 3 cm le corail commence à se reproduire et se fixer. C’est ce qui le sauve car il n’est pas une espèce protégée mais même ratiboisé il va repousser et dès 3 cm se reproduire facilement par fécondation. Les colonies sont hermaphrodites mais il peut également se développer par bourgeonnement. Tous les sites surexploités et abandonnés par le corailleurs italiens, grecs ou catalans offrent à voir des petits agglomérats de corail rouge ne dépassant pas les deux centimètres.
La France veille un peu mieux au grain du côté des corailleurs bien que l’appât de l’or rouge suscite des pratiques parfois décriées dans certains coins. Pour être corailleur il faut une autorisation annuelle délivrée par les Directions régionales des affaires maritimes et après approbation des syndicats de corailleurs. La profession n’est pas sans risque, ils plongent entre 80 et 100 m de profondeur en scaphandre et avec des mélanges des mélanges gazeux (trimix à base d’hélium) et des recycleurs à circuit semi-fermé. Bien sûr ils ont un certificat d’aptitude à l’hyperbarie classe 2 minimum. Une assistance est nécessaire sur le bateau, les accompagnants doivent aussi être certifiés à l’hyperbarie, un carnet est rempli pour noter le poids des prises de corail pour les contrôles.